Quelque 6 000 m³ de sédiment ont été dragués afin que les plus grosses barges puissent empruntées le bras.
Les ouvrages olympiques ne se limitent pas aux sites les plus médiatisés, comme le Village des athlètes ou le Centre aquatique de Saint-Denis. Quelques travaux discrets ont été nécessaires pour accueillir les compétitions sportives, notamment l’aménagement d’un bras secondaire de la Seine.
Le projet était prévu depuis 2018 et la candidature de Paris 2024. Il se trouve que le Village olympique est bâti le long du fleuve, entre les communes de Saint-Denis et de L’Île-Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis. Afin d’assurer la sécurité des résidents, le bras principal devait être fermé à la navigation du 4 juillet au 12 septembre.
Axe logistique
Ce tronçon est pourtant très fréquenté. Pas moins de 2 millions de tonnes de fret y circulent durant cette période, soit l’équivalent de 100 000 camions. Pour pallier le problème, Voies navigables de France (VNF), en tant que maître d’ouvrage délégué de la Solideo*, a entrepris d’ouvrir le bras secondaire, situé à l’ouest de L’Île-Saint-Denis, aux grandes embarcations. « Il possède une courbure plus importante, explique Stéphanie Peigney-Couderc, directrice territoriale adjointe de VNF Bassin de la Seine. Les bateaux ne peuvent pas passer à deux de front, mais il était déjà emprunté en sens unique par des petites unités pour des activités industrielles ou de chantiers navals. »
Cette déviation a nécessité plusieurs travaux pour un budget de 15 millions d’euros. Durant le premier trimestre 2023, le cours d’eau a été dragué. Quelque 6 000 m³ de sédiment, en grande majorité inerte, ont été extraits. « Les transports de céréales et de déblais peuvent exiger une profondeur de mouillage de 3,7 m », note la directrice.
Feux de circulation
La circulation alternée entre les navires impliquait d’installer des systèmes de signalisation. Au cours des derniers mois, des feux et des caméras ont été placés aux entrées du bras. Ces équipements sont reliés par fibre optique au centre de contrôle VNF de Chatou, à quelques kilomètres de là. Les changements de feux sont automatiques de 5 h à 22 h et contrôlés à la demande par un opérateur la nuit.
Afin que les barges puissent patienter, trois zones de mouillage, constituées de ducs-d’Albe, ont été créées. La première à Gennevilliers, de 225 ml, a été installée dès octobre 2021 à proximité des sites industriels existants. « Ces infrastructures étaient demandées par les usagers », précise Stéphanie Peigney-Couderc. Les deux autres se trouvent au niveau de Bezons (725 ml) et de Clichy (585 ml).
Dernier point, le bras abritait quelque 65 bateaux-logements, dont 11 épaves. Les parties prenantes ont mené une concertation avec les propriétaires, notamment ceux qui devaient régulariser leur situation. Des embarcations qui étaient stationnées à couple ou à triple ont été déplacées vers deux nouveaux quais de mouillage construits pour l’occasion (5 emplacements à Bezons et 4 emplacements à Clichy). Les épaves ont été déchiquetées.
Reflexions collectives
La mise en service du dispositif n’a pas été de tout repos. « Le débit était très fort, explique la directrice. Par ailleurs, certains plaisanciers n’étaient pas au courant de la circulation alternée. Mais aujourd’hui, la circulation se déroule bien. » Pour prévenir tout danger, tous les navires qui sillonnent dans le bras doivent être équipés d'un SAI** et d'une radio très hautes fréquences, quelle que soit leur dimension.
Les infrastructures resteront en place après la mi-septembre. « Ce bras secondaire restera navigable, indique Stéphanie Peigney-Couderc. Son avenir sera discuté avec les collectivités concernées. Nous plaidons en faveur d’un partage des usages. On pourrait par exemple imaginer une fermeture à la navigation le week-end afin d’organiser des activités nautiques. »
* : Société de livraison des ouvrages olympiques
** : système automatique d'identification
La voie du fleuve
À Saint-Denis, la proximité de la Seine et de certains ouvrages olympiques a donné la possibilité aux acteurs du BTP de tester le transport fluvial. Près de 80 % des déblais (500 000 t) générés par les chantiers du Village olympique, du Centre aquatique et de l’enfouissement de lignes haute tension ont été évacués par le fleuve. « Divers éléments de construction, comme des équipements de second œuvre ou des éléments préfabriqués en béton et en bois, ont aussi été acheminés par la Seine, note Stéphanie Peigney-Couderc. C’était une découverte pour les entreprises de construction et les fournisseurs engagés dans ces projets. »