Le plateau de l'émission On The Way Up. Manitou
Le plateau de l'émission On The Way Up.
Le 26 juin, le fabricant a enregistré le quatrième volet d’On The Way Up, son événement numérique consacré à sa politique en matière d’environnement. Les premières mesures commencent à porter leurs fruits, mais certains freins ralentissent encore le mouvement.

La responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) est aujourd’hui devenue un indicateur de la santé d’un groupe, au même titre que ses résultats financiers. Il s’agit d’informer régulièrement le monde extérieur de ses activités en la matière. À cette fin, Manitou a pris le parti d’organiser On The Way Up, une émission de webTV annuel où les dirigeants du fabricant dressent un panorama de leurs actions en cours. La quatrième édition de ce rendez-vous a été diffusée en ligne le 26 juin dernier.

L’émission s’est ouverte par une intervention de Michel Denis, directeur général de Manitou Group. Interrogé sur ses sentiments quant à l’avenir de Manitou, le responsable se dit « confiant et préoccupé. Nous possédons des fondations solides. Nous investissons dans nos sites de production, dans nos services R&D et dans nos produits à faibles émissions, mais il faut penser aux défis à venir. Comment allons-nous accélérer la décarbonation ? Comment faire face à la rareté des ressources ? Comment faire pour que cette société soit plus durable ? »

Changer de vision

Aude Brézac, directrice RSE de Manitou Group, note d’ailleurs que les attentes des employés et des candidats avaient changé. « Lors des entretiens de recrutement, nos cadres sont interrogés sur la politique RSE du groupe », explique-t-elle. Les salariés sont désormais encouragés « à regarder leur emploi avec les lunettes de la RSE ». Les managers se voient fixer des objectifs en conséquence. Des responsables chargés à temps plein de ce sujet rejoignent chaque service. Tous les collaborateurs reçoivent une formation de sensibilisation aux enjeux climatiques. « Nous avons noté qu’à la suite de ce parcours, ils étaient plus critiques et plus motivés pour participer à des actions », précise la directrice. La prochaine étape consistera à formaliser cette démarche avec des plans d’actions pour les différentes entités du fabricant.

Quelques chiffres illustrent cette volonté de devenir une entreprise vertueuse. Les emballages plastiques qui accompagnent les composants nécessaires à la fabrication des machines ont été réduits de 25 %. Manitou affirme que 63 % de ses fournisseurs selon des critères RSE. De même, l’industriel a évalué 85 % de ses distributeurs en fonction d’un barème RSE.

Des avancés dans la conception

Cette stratégie d’économie des matériaux s’étend désormais à la conception des engins. Manitou a travaillé avec les plasturgistes pour obtenir des pièces de même qualité mais moins gourmande en ressource et plus facile à recycler. Cette opération a réduit de 2 % les émissions de CO2 lié à la fabrication du plastique et 5 % des émissions à l’usage des machines. « Nous avons plus de trente autres idées d’écodesign », promet Julien Waechter, vice-président chargé de la R&D du groupe.

Pour autant, la marque rouge est en retard dans ses objectifs de réduction d’émissions de CO2. Pour Hervé Rochet, directeur de la transformation et de la gouvernance, ce phénomène résulte en partie de la difficulté à changer d’énergie. « Nous passons du Diesel à l’électrique et c’est complément nouveau », observe-t-il. Le responsable note que d’autres dynamiques risquent également modifier les marchés de Manitou, « tels que l’apparition de l’IA et de nouveaux acteurs qui mettent beaucoup de pression sur les prix. »

En matière de passage à d’autres énergies, Manitou a déjà électrifié une partie de son offre de nacelles (six références). Le constructeur a aussi sorti un premier chariot télescopique à batterie (MT 625 e). Des modèles rotatifs devraient suivre dans les prochains mois (MRT 2260 e et MRT 2660 e). En juin, la marque a également dévoilé une conversion d’un chariot télescopique thermique en électrique, un projet réalisé en partenariat avec Kiloutou. En parallèle, l’industriel explore les possibilités de l’hydrogène. « Nous avons terminé notre deuxième prototype de chariot télescopique à hydrogène, mais l’évolution du secteur n’est pas assez rapide », déplore Julien Waechter. Dans le cadre de l’organisation professionnelle France Hydrogène, l’industriel a signé avec les autres membres une lettre aux autorités françaises afin de demander des changements réglementaires dans ce domaine.