Eqiom a conclu des partenariats de long terme avec des transporteurs prêts à renouveler leur flotte.
Avant que l’épidémie de coronavirus ne relègue au second plan tous les autres sujets, le BTP semblait avoir choisi le dioxyde de carbone comme cible stratégique de 2020. Les principaux groupes du secteur avaient ouvert l’année avec divers annonces quant à leurs rejets dans l’atmosphère.
Le train de la construction a ensuite franchement déraillé. Mais maintenant qu’il a retrouvé ses rails et que la chaudière fume de projets, tout du moins pour un temps, la célèbre molécule revient dans les discussions. Eqiom a par exemple rendu public début avril sa volonté de réduire de 15 % les émissions liées à la distribution de ciment et granulats d’ici 2022, soit quelque 5 300 t de CO2.
Retour fois trois
Le producteur de matériaux de construction n’agit pas en solitaire. Cette démarche s’inscrit dans le programme Fret 21, un dispositif mis en place par l’Association des utilisateurs de transport de fret. Les adhérents se fixent un objectif de baisse pour leurs activités de logistique. L’organisation professionnelle et l’Ademe* lui fournissent des référentiels et des outils afin d’estimer les effets de leurs actions.
C’est la seconde participation d’Eqiom à cette opération. Entre 2017 et 2019, l’industriel a diminué de 5 % ses émissions dans le périmètre ciment et granulats. Les chiffres visés en 2022 sont établis par rapport aux résultats de 2019. Pour réussir son pari, l’entreprise œuvre dans quatre domaines : l’utilisation de carburants alternatifs au Diesel, le développement de nouveaux modes de transport, un contrôle accru des charges de véhicules et la prise en compte de critères environnementaux dans ses appels d’offres.
Gaz ou colza
Le volet motorisation s’avère crucial. La société déplace environ 95 % de ses volumes de ciment et de granulats par la route. Elle souhaite augmenter progressivement le nombre de camions employant d’autres énergies que le pétrole. « Nous avons noué des partenariats à long terme avec des transporteurs convaincus de l’intérêt de cette démarche, explique Jérôme Becamel, responsable logistique d’Eqiom, chargé du rail et de la distribution. Les technologies sont devenues plus accessibles. Ils disposent maintenant de retours d’expérience sur la question. Nous leur garantissons des volumes. En contrepartie, ils s’engagent à renouveler leurs flottes afin de répondre à nos objectifs. »
Le choix des carburants varie selon les points d’approvisionnement disponibles dans les zones concernées : le gaz naturel liquéfié ou comprimé (GNL et GNC), éventuellement issus de sources biologiques, ou le B100, un liquide tiré du colza. Aujourd’hui une dizaine de véhicules de ce type sont en rotation. À terme, l’industriel espère en compter une trentaine. Reste à savoir si les acheteurs se soucient beaucoup de ces efforts. Jérôme Becamel reconnaît que l’intérêt varie beaucoup selon les interlocuteurs. « La valorisation des réductions d’émission ne dépend pas seulement de nos clients, nuance-t-il. C’est tout une chaîne de parties prenantes qui doit être sensibilisée à cette question. Le marché n’est pas encore mature, mais il faut prévoir cette évolution dès maintenant. »
Le ferroviaire cherche travaux
En ce qui concerne les autres modes de transport, le groupe ajoutera vingt wagons à son fret ferroviaire, destiné à des liaisons de moyenne et longue distance entre différents sites. « Le report vers le rail retire un grand nombre de camions de la route. L’impact carbone est non négligeable, indique Jérôme Becamel. Par ailleurs, le train procure un supplément de sécurité. »
Toutefois, le responsable note qu’un recours plus intensif à la voie ferrée nécessiterait la rénovation ou l’extension de certaines lignes. Lors de l’augmentation de capitale de la SNCF en décembre 2020, le gouvernement et l’entreprise publique se sont engagés à investir dans le réseau hexagonale. Affaire à suivre. En parallèle, Eqiom mène des réflexions autour de barges employant des carburants alternatifs. Un modèle à l’Oleo100, une marque commerciale de B100, est à l’étude pour des trajets à Paris.
Partie émergée
Grâce à ses véhicules siglés, l’opération Fret 21 devrait être visible du public. Pour autant, ce n’est pas seul action de l’industriel en matière d’engins motorisés. La mesure s’ancre dans un plan plus large de prise en compte de l’environnement, baptisé Eqiom R. Cette politique se traduit par plusieurs autres actions, tels que la valorisation des déchets, la constitution d’une offre de matériaux bas carbone ou l’amélioration continue des installations de production. A ce titre, le groupe suit de près les évolutions des chargeuses et des engins de manutention. « L’avenir sera sans doute multi-énergie, avec l’hydrogène comme carburant supplémentaire, observe Jérôme Becamel. Mais Les avancées dépendront notamment des évolutions réglementaires. »
*: l’Agence de la transition écologique