Les salariés intérimaires sont plus touchés par les accidents graves et mortels que les autres travailleurs du BTP. Machtday
Les salariés intérimaires sont plus touchés par les accidents graves et mortels que les autres travailleurs du BTP.
Début novembre, dans le cadre du salon Expoprotection, une conférence mettait en avant une étude portant sur le risque accru d’accidents chez les intérimaires du BTP. Ce document distingue plusieurs causes à ce phénomène et propose quelques pistes d’amélioration.

En matière de prévention, le sujet de l’intérim est suffisamment préoccupant pour attirer l’attention de l’Organisme professionel de prévention du BTP (OPPBTP). À l’occasion du salon Expoprotection, l’organisme et l’Anact* ont présenté le 5 novembre un rapport consacré à l’amélioration des conditions de travail et de santé de cette catégorie de compagnons. En introduction, cette enquête met en avant des chiffres significatifs. La construction arrive en tête parmi les secteurs ayant recours à l’intérim avec 16,9 % de l’effectif total. Elle compte aussi à son actif de 40 % des accidents graves et plus de la moitié des décès recensés sur l’ensemble des travailleurs intérimaires. Autre constat, les intérimaires sont en moyenne restent 1,3 fois plus de touchés par des accidents graves et 1,9 fois plus par des accidents mortels que les autres salariés du BTP. Cet état de fait réclamait une enquête approfondie.

En ouverture, le document rappelle que la situation spécifique de ces professionnels. Ils se trouvent à la fois liés à une structure d’intérim et à une entreprise utilisatrice. Cette relation tripartite est la source de nombreux problèmes. Pour mieux les mettre en évidence, l’Anact, l’Aract Grand Est** et l’OPPBTP ont mené une étude d’action avec un grand groupe du BTP et une grande agence d’emploi entre mars 2020 et septembre 2022.

Conditions spécifiques

Les résultats de ces travaux ont mis en évidence plusieurs axes de progrès. En premier lieu, l’adéquation des profils avec les besoins des entreprises utilisatrices pourrait être améliorée. « Les compétences du salarié sont parfois surévaluées par l’agence, soit à cause d’une mauvaise compréhension de la langue, d’une faible de marge de négociation sur les rémunérations ou d’une mauvaise connaissance de la profession », explique Benoît Langard, responsable d’opération prévention de l’usure professionnelle de l’OPPBTP. De son côté, les entreprises utilisatrices peuvent mal définir son cahier des charges. La pénurie de mains-d’œuvre les encourage aussi gonfler les qualifications théoriques des compagnons intérimaires afin d’augmenter leur salaire et de les fidéliser. « C’est un phénomène systémique, remarque Grégory Plançon, chargé de mission de l’Aract Grand Est. Le salarié a acquis un certain niveau sur le papier sans que ses compétences techniques suivent. » Les relations d’interdépendance entre les différents partis renforcent ces dynamiques.

Sur les chantiers, les intérimaires restent une classe à part. Ils effectuent en général les tâches les plus ardues. La précarité de ces individus les pousse à tout accepter et à cacher d’éventuelles inaptitudes. L’intégration au sein des équipes est difficile. Si l’accueil sécurité est réalisé, il peut être insuffisant. Les équipements de protection individuels ne sont pas toujours très confortables.

Trouver un vocabulaire commun

En réponse à ses différents problèmes, les participants ont proposé plusieurs pistes de solutions. En vue de faciliter le dialogue entre les différents intervenants, plusieurs fiches standardisées ont été créées. Elles aident à exprimer les compétences recherchées avec un vocabulaire commun. Par ailleurs, Les entreprises utilisatrices devraient travailler avec un moins grand nombre d’agences. Les recruteurs devraient aussi être sensibilisés aux particularités du BTP. En matière d’accueil sur le site, les tâches devraient être clairement définies.

Autre volet, la formation des intérimaires est bien sûr un axe à renforcer. Le Passeport sécurité intérim (Pasi) BTP appelait notamment un diagnostic approfondi. Le syndicat des Entreprises générales de France, responsable de ce dispositif, a augmenté le nombre des audits des centres chargés de son attribution. Les tests finaux ont aussi été refondus.