La situation « exceptionnelle » qui perdure depuis bientôt un an et la situation économique qui en résulte motive cette demande. Après une baisse d’activité sans précédent de près de 14 % en 2020, les perspectives d’activité pour les entreprises du BTP restent inquiétantes, malgré « France relance ». En cause, les appels d’offres des collectivités locales ressortent toujours à la peine, les blocs communal et intercommunal enregistrant respectivement des baisses de – 27 % et – 37 % en janvier 2021 comparé à janvier 2020. De fait, la FNTP fait état « d’une situation toujours très dégradée à fin janvier ». En cause, la crise sanitaire évidemment avec, pour les collectivités des réorientations de crédits et l’identification d’autres priorités mais aussi l’arrivée des nouvelles équipes après les élections municipales. Une situation paradoxale dans la mesure où la situation financière des collectivités locales et territoriales n’a jamais été aussi favorable pour investir. De fait, les collectivités disposent de marges de manœuvre financières pour investir. Le problème est conjoncturel. Considérant que les exécutifs sont aux affaires et les premiers budgets des nouveaux mandats vont être votés en mars, le plan de relance devait faire porter ses fruits en termes d’autorisation de paiements.
PGE
Autre signal d’alarme : le BTP fait partie des secteurs qui ont le plus eu recours aux Prêts Garantis par l’État (PGE), ainsi qu’aux crédits divers cette dernière année, ce qui témoigne d’une situation de trésorerie très dégradée, notamment des TPE/PME. Or les premiers remboursements doivent intervenir à partir d’avril. Une échéance impossible à tenir pour les entreprises dont les carnets de commandes restent vides et qui sont, de fait, fragilisées. Pour la FNTP, « dans le contexte économique actuel qui reste incertain du fait de la crise sanitaire toujours pas jugulée, il n’est pas question de faire peser une charge supplémentaire sur les entreprises. La situation impose d’annuler la date butoir de suppression de la fiscalité avantageuse du GNR fixée au 1er juillet 2021, une mauvaise mesure qu’il convient d’annuler définitivement ». Le maintien du GNR se justifie d’autant plus que le problème de coloration du gasoil qui le remplacerait n’a toujours pas été réglé, les pouvoirs publics reconnaissant eux-mêmes que plusieurs années, à minima deux ans, seraient nécessaires pour la mise en œuvre d’un logistique appropriée. Il est important de rappeler que de la coloration du gasoil constituait, avec la mise sur le marché de matériel à motorisation alternative, deux éléments de conditionnalité.
« Le maintien du GNR se justifie d’autant plus que le problème de coloration du gasoil qui le remplacerait n’a toujours pas été réglé. »
Le projet de loi Climat et Résilience, qui prévoit la suppression de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques pour le transport des marchandises, constitue un autre motif d’inquiétude pour les entreprises de TP. Alors que cela procède de la même logique, le GNR ne bénéficie pas de cette suppression est conditionné par la disponibilité sur le marché de matériels de transport « écologiques, à prix abordables et réellement opérationnels est mise sur le marché ». Aussi, la FNTP propose le maintien du GNR et la définition d’une trajectoire de suppression sur le long terme, de l’ordre d’une dizaine d’année, le temps que l’offre en matériels « écologiques » se structure et permette la conversion des parcs des entreprises. « Il n’est pas réaliste de supprimer le GNR d’ici juillet, il faut le maintenir sur un horizon de temps compatible avec la mise sur le marché de matériels fonctionnant, pour les plus imposants, à l’hydrogène », indique-t-on à la FNTP. « Considérant la situation économique actuelle, et au regard des enjeux pour les entreprises, la demande ne paraît pas disproportionnée ».
*Capeb, CNATP, FFB.