Depuis 2022, les vols de matériels, mais aussi de carburants et, plus récemment de GPS, n’ont cessé d’augmenter. Si l’on se réfère au baromètre de l’Observatoire français de l’Industrie, du Commerce et des Services, une entreprise de construction (Bâtiment et Travaux Publics), sur deux est concernée de près ou de loin par un vol d’un engin, d’un matériel ou d’un véhicule utilitaire léger. Aucune région n’est épargnée. Dans trois quarts des cas, ces biens se trouvaient pourtant dans un lieu sécurisé. Seuls, 4 % des engins volés sont récupérés. DLR avance plus de 4 000 matériels de chantier volés pour la seule année 2022, pour un coût très certainement sous-estimé de plus de 20 millions d’euros. De fait, toutes les typologies de matériels sont concernées : matériels compacts, aux premiers rangs desquels figurent les mini-pelles, mais aussi les remorques, les bennes ampliroll, les porteurs avec grue auxiliaire,… Suivant les types et les usages, les motivations des voleurs diffèrent. Les filières sont donc organisées en conséquence. Les forces de l’ordre en distinguent trois principales :
-le grand banditisme, qui maquille les matériels volés pour les revendre, notamment en Ukraine depuis le début de la guerre,
-le trafic de pièces détachées à partir des engins volés et désossés pour en revendre les composants,
-l’usage personnel, qui consiste, par exemple, à voler un matériel pour créer sa société de travaux et/ou réaliser un « chantier » et/ou le proposer à la location.
Le phénomène d’usurpation d’identité, avec des stratagèmes plus ou moins élaborés, tend également à se développer. Il cible en particulier la location, métier transactionnel par définition, avec, dans un certain nombre de cas, une facilité d’exécution déconcertante, qui doit interpeller l’entrepreneur sur la solidité de ses process et d’éventuelles complicités en interne. Dans tous les cas, les coûts directs, qui englobent le prix du bien à racheter, l’indemnité assurance et la location d’un matériel de remplacement, comme les coûts indirects (désorganisation de l’activité, perte d’exploitation, majoration de la prime d’assurance, insatisfaction du client,…), sont conséquents. Quelques bonnes pratiques (voir ci-dessous), permettent de réduire l’exposition aux risques.
Commission
Afin de mieux lutter contre ce phénomène, la fédération professionnelle se mobilise en créant une nouvelle commission dédiée à la lutte contre les vols et les usurpations d’identité. Le dépôt de plainte doit, idéalement, être fait dans le commissariat ou la gendarmerie le plus proche du lieu du vol. Dans l’état actuel de choses, cette simple démarche s’avère souvent compliquée, et vaut une fin de non-recevoir, les forces de l’ordre étant mobilisées sur d’autres priorités. Il en est de même pour les enquêtes et les interventions, une fois le matériel volé localisé, les moyens étant concentrés sur les « grosses » opérations qui ont, la plupart du temps, trait à des vols d’utilitaires légers ou de véhicules industriels. Une réalité admise par les forces de l’ordre qui interviennent dans un cadre légal bien défini et qui font face à des manques de moyens matériels et humains. La généralisation de la télématique, qui permet de géolocaliser le matériel volé, constitue un outil intéressant. Dès lors qu’un matériel est déclaré volé par le client, les commandes de pièces faites à partir du numéro de série de la machine alertent le constructeur et son distributeur. L’implantation de traceur GPS est préconisée, surtout s’ils sont en double sur une même machine. Cependant, la technologie n’est pas la panacée et l’aspect comportemental de l’ensemble des équipes est déterminant. À ce titre, il faut savoir « protéger », en interne, quelques informations clés sur les modalités de livraison et de reprise des matériels est indispensable. Se faire connaître des forces de l’ordre locales, sans attendre un vol, est vivement conseillé afin de mettre en place, en amont, une stratégie d’action. L’immatriculation des matériels, qui disposeraient ainsi de leur propre carte grise, constituerait également une dissuasion supplémentaire, même si certains y voient des complications administratives et des coûts supplémentaires. L’identification numérique de chaque machine en parc semble plus adaptée aux contraintes d’exploitation des loueurs en particulier. La création d’une commission dédiée doit permettre de générer une valeur ajoutée au sein de l’écosystème, en impliquant les autres fédérations clientes (FFB- FNTP), , et de partager les bonnes pratiques. Le croisement des données au sein de la profession en créant un fichier de référence nécessite l’implication de l’ensemble des acteurs de la filière Matériel. A la lecture des déclarations des escroqueries (une trentaine en 2023), permet de réaliser l’ampleur de la marge de manœuvre en la matière.
Prévention des vols : les bonnes pratiques
- Sensibiliser les équipes et les clients à la sécurité
- Ne pas laisser les clés sur la machine
- Récupérer rapidement le matériel en fin de location
- Demander au client de sécuriser le matériel sur le chantier
- Équiper le matériel de boîtiers de géolocalisation filaire ET non filaire
Prévenir l’usurpation d’identité : les bonnes pratiques
- S’assurer, en interne, des personnes habilitées à saisir un nouvel interlocuteur sur la fiche client Se méfier des adresses @gmail
- Rester vigilant vis-à-vis des appels via portables prépayés
- Systématiser le contre-appel sur un téléphone sécurisé Alerter les confrères sur les cas de fraudes détectées